edito Avril 2015 : retrait de dossard

Retrait de dossard :

 "Malgré la différence de niveau des uns et des autres, il y a des choses que seuls les coureurs partagent et comprennent".

HARUKI MURAKAMI : Autoportrait de l'auteur en coureur de fond

Le jour J, c’est parti tu vas chercher ton dossard. Généralement, tu t’y prends à l’avance histoire d’être peinard…. tu regardes sur la liste à l’entrée du gymnase, tu cherches ton nom et le numéro de dossard qui correspond. Dossard 2056. Aïe, t’as encore oublié de donner ton temps de référence lors de l’inscription! Tu salues les copains arrivés encore plus tôt que toi et qui ont déjà leur dossard « broché » sur le torse. Ils vont s’échauffer le temps que tu ailles chercher le tiens. Tu demandes où on va chercher les dossards et ils te rassurent en te disant que « c’est bien organisé » et c’est par là bas ! Il faut comprendre par le «par là bas», débrouilles toi….

Tu regardes les panneaux et généralement là où il y a le plus de monde, c’est là où se trouve ton dossard. Tu vérifies, à gauche, dossard 1 à 1999, personne pour faire la queue, à droite 3001 à 3999, personne également. T’es bien dans la bonne file, dossard 2001 à 2999, 15 personnes devant toi…. Histoire de gagner un max de temps, tu sors ta licence. Tu commences à t’habiller la licence coincée entre les dents (Je suis sûr que vous faîtes pareil !!!), une fois que t’es presque habillé, tu constates que cela n’avance pas, tu tombes toujours sur le bénévole qui a 2 de tension, sacré loi de Murphy !

Arrive ton tour, son visage rubicond dès 9h du mat’ te laisse penser que le mec ne doit pas boire que de l’Overstim ! Tu présentes ta licence qu’il attrape avec la célérité d’un boa qui vient de bouffer une famille de marmottes. Le gars regarde ta licence, regarde ta tronche, tourne la licence, regarde ta tronche, regarde de nouveau ta licence, regarde ta tronche. «Y a un problème!» tu lui rétorques et là il te répond : «je vérifie Monsieur!». T’as l’impression de rentrer aux States ! Le mec te rend ta licence et te demande… ton nom ! C’est bien la peine de regarder ta licence 10 plombes sans même retenir ton blaze! Une fois ton nom marqué sur un « post-it », il va fouiller derrière dans un carton tout pourri où sont sensé être les dossards. Il cherche d’abord entre les dossards 2055 et 2057, logique… il ne trouve pas. Puis il fait la totalité du carton, trouve pas, refait la totalité du carton trouve toujours pas. Il se retourne, «vous êtes sûr d’être bien inscrit?». Tu le regardes, «bah, si je suis sur la liste….». Il interpelle «Ginette, où est Ginette?».

Après 2 ou 3 gueulantes dans le gymnase, là bien nommé Ginette déboule. 1m50 au garrot, bouclettes jaunes, lunettes avec des verres en cul de bouteille, T-shirt noir avec un énorme « OFFICIEL » dans le dos sans oublier le badge d’accréditation de « responsable » accroché autour du cou qui lui arrive au nombril, le tout avec une démarche de déménageur. «Qu’est ce qui se passe?». Le bénévole «Je ne trouve pas le dossard de Monsieur». La mère Ginette, une nouvelle fois «Vous êtes bien inscrit?». Purée, plus que 10min avant le départ, tu penses à Franck qui nous saôule parce qu’on s’échauffe pas assez avant les courses ! Tu revois tes objectifs d’avant course à la baisse, tu passes de «bien s’échauffer» à «ne pas louper le départ»…

Ils sont maintenant deux à chercher frénétiquement ton dossard dans le carton. A ce moment là arrive, une autre bénévole, un clone de Ginette, même taille, même dégaine : «On prend les certif’ de squash?». Ginette, la regarde interrogatrice : «Les certificats de quoi?». Les 3 bénévoles en face de toi, de concert, te lisent le certificat médical : «Monsieur TARTENPION ne présente pas de contre indication à la pratique du squash en compétition». Ginette qui n’en sait rien va chercher je ne sais où le règlement de la Fédé. Tu te retrouves, maintenant, avec 3 bénévoles en face de toi qui consultes le pavé de la réglementation… «La responsable» prend une décision radicale, celle de refuser le certificat. Il s’ensuit alors une discussion animée ou le squasheur leur explique que pour jouer au squash il faut bien courir ! Ce que Ginette rétorque : «le règlement c’est le règlement!!»

Tu te rends compte pauvre andouille que t’es que pendant tout ce temps tu as gardé ta licence à la main. Tu la regardes, tu hésites… Je la bouffe ma licence ou pas ? C’est à ce moment qu’Haudrey arrive et te sort de ta torpeur, «Mais qu’est ce que tu fous ? Tu vas louper le départ?», Qu’est ce que tu veux répondre ? Tu as presque la larme à l’œil ! C’est alors qu’un quatrième bénévole se pointe (quand y en a plus y en a encore) «C’est vous qui cherchez le dossard 2056 ? Il est là, rangé dans la boite des 4000!» et dans un élan de lucidité, la mère Ginette lance «Il faut arrêter de faire classer les dossards par la fille de JP, elle ne rentrera au CP que l’année prochaine!». Tu récupères enfin ton enveloppe avec le dossard et ta puce !

Tu demandes : «vous avez des épingles», une broutille, un détail puisqu’il t’explique que les épingles sont sur une petite table à la sortie du gymnase. Tu trouves bien la table, tu trouves bien une petite boîte mais elle est vide. Tu interpelles un bénévole qui t’explique que cela fait déjà un petit moment qu’il n’y a plus d’épingle. 3 min du départ et tes épingles, situées dans ta bagnole, sont à 1,5km du départ. Tu prends conscience que t’as pas fait assez de fractionnés courts cet hiver et que t’es pas Mo Farah… Tu rejoins la ligne de départ….dossard fred

A l’approche de la ligne de départ, tu croises le coach : «Frédéric, qu’est ce que tu fous avec ton dossard à la main? », moi, «j’ai pas d’épingle». A ce moment, Franck te sorts 4 épingles de sa poche «10 ans que tu cours et t’amènes pas d’épingles!?» à 1min du départ, trop long à lui expliquer. C’est d’ailleurs à cela que l’on reconnait les coachs, ils ont des épingles dans les poches (je ne suis pas le 1er couillon à qui cela arrive) et un chrono autour du cou. Tu accroches ton dossard rapidos complètement de traviole (en temps normal, tu t’y reprends à 3 fois pour une durée totale de 15min). Tu lui confie ta licence, et lui «c’est quoi cette photo?». En fait, t’as récupéré la photo que t’avais sur ta carte d’étudiant avec la coupe de cheveux de l’époque qui va bien…. sérieux, on ne va pas exprès au photomaton pour une licence ! Au moment de le quitter, le Coach te balance «j’espère que tu t’es bien échauffé!», « ouais, pas de problème (sick)! »

Enfin, tu te retrouves bien « placé » au départ au centre du peloton et tu vois Christian parti pissé à la dernière minute qui t’interpelle «Pourquoi tu t’es mis derrière?», «bah j’ai eu des petits problèmes pour retirer mon dossard ». Lui, «viens avec moi, on va pas se prendre la tête!». On enjambe la barrière. Et c’est comme cela que tu te retrouves super bien placé au départ de la course. ça gueule un peu quand tu te mets devant mais bon, le reste des Scabistes fait rempart !

3,2, 1 c’est parti, que la course commence !

 

Côté professionnel :

une personne se présente au comptoir et me demande des lunettes "éclipse". je lui réponds que je n'en n'ai pas.

Elle me répond : "c'est embêtant, je ne vais pas pouvoir sortir demain matin et j'ai rendez-vous chez le kiné!"

Conseil lecture : Haruki Murakami : Autoportrait de l'auteur en coureur de fond. Pas sûr que cela vous guérisse de vos névroses de coureur mais il y a tout dans ce livre....

Bon courage aux Marathoniens!

Fred