Edito de février 2016

Combat en 12 rounds !

On a vu ensemble les 30 premiers kilomètres d’un marathon qui ne sont qu’une mise en bouche de ce qu’est le marathon, l’édito de ce mois-ci sera consacré aux douze derniers kilomètres….

 Pk30 : cela correspond généralement à ta sortie la plus longue. Sortie qui s’est généralement bien passée. Tu te disais « douze bornes de plus ça va bien le faire ! ». Tu notes un changement d’attitude dans le peloton, cela discute moins, cela déconne moins. Si c’est ton premier marathon, c’est cool, tu ne sais pas où tu vas ! Sinon, tu sais que le combat est proche….

Pk31 : au passage devant les photographes, tu adoptes une foulée gebreselassienne, juste sur 3m, le temps de prendre la photo !

Pk32 : Tu as du métier et tu commences à faire sauter les fusibles les uns derrière les autres. Tu sais à quel niveau de fatigue tu dois être à 10 bornes de l’arrivée. Tu n’as pas d’expérience, tu passes de tout va bien à tout va mal ! Tu exploses de partout et c’est le début du calvaire, tu te dis pourquoi j’ai suivi ce donneur d’allure qui allait trop vite ! Ce con t’avais promis 3min d’avance à l’arrivée au passage du semi, tu vas prendre un split de 30min dans les jambes…

Pk33 : Tu commences à trouver les kilomètres longs. Tu cherches la borne kilométrique. Au bout du virage, non c’est encore plus loin. Tu te réconfortes en te disant que les organisateurs l’ont mal placée. Par contre ce n’est jamais trop court dans ton esprit !

Pk34 : Tu fais l’accordéon. Tu sais que ce n’est pas bon mais tu ne peux pas t’empêcher de le faire. Tu accélères à 300m du kilomètre pour rester dans l’allure (ou pas) !

Pk35 : tu as la pensée philosophique du marathonien : « mais qu’est ce que je fous là ! ». Tu es une femme, tu t’accroches, par rapport à un accouchement, c’est de la rigolade. Tu es un homme, tu marches ou ralentis fortement, ce n’est pas ton jour, tu verras au prochain marathon…

Pk36 : Les non sportifs font des résolutions en début d’année, les marathoniens les font aux 36ème km. Perclus de douleurs, tu te promets pleins de chose, « je jure, j’arrête la bière ! », promesse qui ne tiendra que 6km bien évidemment !

Pk37 : t’es au bout du rouleau. Tu sais qu’il faut courir bien relâcher, lever la tête et les genoux, bien se redresser etc… Mais ferme là Franck avec tes conseils, je fais ce que je peux. Je ne cours plus, je survis.

Pk38 : tu répètes en boucle ton chakra favori : « fais pas chier, t’as la santé ! »

Pk38,5 : Tu as mal partout, aux chevilles, aux mollets, aux genoux, aux cuisses et tu entends derrière toi : «Va y Ginette* ! On est dans l’allure». 30 secondes après, une mamie te double au mental. Tu te dis que le marathon ce n’est pas fait pour toi.

Pk39 : tu redécouvres ton anatomie. T’as mal à des endroits que tu ne soupçonnais même pas l’existence. Tu t’allonges sur le bas côté, les jambes en l’air, un bénévole tentant d’estomper tes crampes. Tu tapes un 6min30 au kilo mais ta vitesse ne t’intéresses plus !

Pk40 : Les supporters t’encouragent, c’est bientôt fini. S’il te restait un peu de force, tu les aurais bien étranglés !

Pk41 : Au passage de la flamme rouge, ça commence à sentir bon les écuries. T’arrives à retrouver des forces tu ne sais pas d’où ?

Pk42,195 : Le tapis rouge, le franchissement de la ligne (qu’il faut savourer !) te fait oublier toutes tes souffrances.

 *Anecdote de Morgan, un ancien du club qui m’avait fait mourir de rire quand il me l’a racontée…

Pour ma part, cela fait 15 marathons que cela dure !

En route pour Rome,

 Fred