Mon geste pour Rio
Mon geste pour Rio : « Me faire tout petit ! »
Un peu plus de 3 ans que j’ai commencé la natation, discipline hyper technique s'il en est. Je l’avoue, je galère sur certains gestes plus particulièrement sur la bascule, geste qui consiste à basculer à chaque fin de longueur pour repartir dans l’autre sens. Mon approche est mauvaise, ma rotation trop lente ce qui fait que je dois me redresser en m’aidant d’un bras, poussée catastrophique car je n’ai jamais les 2 pieds qui touchent le mur en même temps, le bassin qui part dans un sens et les pieds dans l’autre sens, ondulation inexistante, reprise de nage presque à l’arrêt et toujours devant les drapeaux…. En 3 ans, aucun Maître Nageur et entraineur n’a su trouver les mots pour m’expliquer ce qui déconnait dans mon geste et plus tu n’y arrives pas et plus tu appréhendes. A chaque fin de longueur c’est pareil « fait chier faut déjà faire demi-tour, vivement que j’aille nager en mer ! ».
Rio 2016, les jeux olympiques sur tout le mois d’août ont démarré. Si j’appréciais surtout l’athlétisme dans les précédentes olympiades, je me suis mis à apprécier la natation. Quand on pratique la discipline, c’est plus facile d’admirer la performance. Techniquement, purée tout est parfait, les meilleurs nageurs de la planète s’affrontent et cela parait tellement facile… tu regardes les « pros » la nuit et le midi t’essayes de reproduire sauf qu’après une heure de nage tu dois bien te rendre à l’évidence, « nager, c’est un métier ! »….
Pour cette olympiade, l’equipe.fr a proposé une rubrique « mon geste pour Rio ». Je tombe sur celle de Jeremy Stravius, La coulée mon arme fatale :
Au début, je ne comprends pas qu’il s’agit de la bascule. Je clique sur le lien et c’est parti. La vidéo commence par le palmarès du garçon qui te calme direct. Il nous montre sa technique pour basculer avant d’entamer sa coulée. Je regarde d’abord la vidéo d’une traite, c’est propre, techniquement on frôle la perfection. J’écoute les commentaires pour puiser le moindre conseil : « Se faire tout petit, angle à 45° etc… ». Regarde, Re-regarde la vidéo, image par image et c’est parti je pars pour ma séance de natation du midi…
400m d’échauffement en Crawl et je m’astreins à faire la bascule à chaque fin de longueur. Mes 2 premières bascules, comme d’habitude, sont catastrophiques. J’entame la fin de ma 3ème longueur, j’ai déjà un bras le long du corps et je mets le 2ème bras le long du corps et au moment ou j’entame ma bascule, je me dis « tout petit », j’effectue alors une rotation, comme jamais, hyper rapide, je sens pour la 1er fois mes genoux sur mon torse et mes pieds se positionnent parfaitement contre le bord de la piscine. Je peux positionner mes bras directement devant mon corps tout en rentrant la tête. Je donne une énorme poussée et la rotation de mon corps s’effectue « naturellement » sans que j’ai besoin de m’aider d’un bras pour tourner! Je joue le jeu et effectue 3 ondulations. Jeremy Stravius, lui, effectue 10 ondulations derrière sa bascule mais bon si je fais pareil, je meurs noyé… Je sors pour une reprise de nage, cherche les drapeaux et ne les voit pas. Je m’arrête brutalement…. Cela parait incroyable mais j’ai dépassé les drapeaux de plus de 2 mètre, je n’en reviens pas. Je reste comme un couillon au centre de la ligne d’eau interloqué par ce que je venais de faire…. Je venais juste de comprendre « enfin » le geste. La peur de perdre le geste, je stoppe ma séance et passe l’heure à « me faire tout petit ».
Ma bascule se précise de plus en plus, le temps de bloquer ma respiration et de me dire « tout petit » et c’est parti je suis dans l’autre sens ! J’ai même l’angle d’attaque à 45°. Je sors maintenant systématiquement derrière les drapeaux et j’ai gagné 10s/100m sur ma V1 ! Aujourd’hui, la bascule n’est plus une source d’appréhension à l’approche de la fin de la longueur.
A l’heure où j’écris cet édito, Jeremy Stravius à remporté la médaille d’argent en relais, mais pour moi ce sera avant tout, celui qui m’aura appris à faire la bascule !
Je vous laisse, j’ai piscine,
Bonne rentrée à tous,
Fred