Trail des pyramides noires du 27 mai 2017

Le compte rendu suivant présente la même course avec 2 regards bien différents.

Bravo à Lucie et Antoine pour cette aventure et merci pour le partage.... Un vrai régal

pour les temps et classement.... Il faut lire

Trail des Pyramides noires 2017 : Oignies (62)

C’est décidé, nous partons pour un weekend dans le Pas-de-Calais à affronter des terrils !

Le trail est organisé par la mission bassin minier, l’événement a pour ambition de valoriser le nouveau visage de ce territoire en pleine mutation avec un slogan : « du mineur de fond … au mineur de fond ! ».  Le programme du parcours, plutôt alléchant, offre l’opportunité de traverser des endroits classés au patrimoine mondial de l’UNESCO :

  • Ascension de plusieurs terrils (amas de débris de charbon, de schistes miniers et de boues séchées et grés)
  • Passage par des cavaliers miniers (ancien réseau ferré des mines)
  • Passage par les plus belles cités minières.

La version d'Antoine

Plusieurs distances s’offrent à moi : 22km ; 35km ; 50km ; et 105km. En grand courageux que je suis, je choisis bien évidement le 22km. En réalité, il s’avèrera après publication du parcours que la distance réelle est de 24,2km… Mais bon, il est trop tard pour reculer, l’inscription est faite, le gîte de la veille au soir est réservé… bref, plus le choix ! Le jour J, l’excitation, mais surtout le doute, se font sentir et pour cause les 36° et le départ à 11h sont des éléments pas très rassurants. Pas trop le temps de réfléchir, le départ est donné. Ayant déjà participé à ce trail l’année passée, je sais que dès la fin du premier kilomètre on commence l’ascension du premier terril, avec un passage très étroit dès le pied du terril. Il faut donc être bien placé pour ne pas perdre trop de temps dès le début. Le départ se fait donc sur un rythme soutenu, mais ce passage critique se déroule sans encombre. Les premières pentes de cette première difficulté donnent tout de suite le ton des 23km qui vont suivre… les cuisses brulent, le rythme cardiaque est au maximum, le soleil de plomb assomme, et l’ombre est inexistante… Les kilomètres et les difficultés suivantes s’enchainent et se ressemblent, et les compères de galère se font rares. Les rencontres avec les habitants des villages traversés, munis de bouteilles et de jets d’eau sont salvatrices, car l’eau de mon Camelbak commence réellement à tiédir ! À l’approche du 14ème kilomètre je reviens sur un concurrent. Cool !! Quelques minutes de vie sociale. Puis au bout de 2 kilomètres nos rythmes différents nous séparent. Du 16ème au 24ème, il faudra donc de nouveau faire face à la solitude. Heureusement, n’étant pas complètement seul dans ma tête, je trouve très vite des sujets de débats avec moi-même pour les derniers kilomètres. Au 21ème kilomètre, enfin de l’ombre, trop tard je suis KO. Dernier kilomètre, dernière ascension de terril, dernière descente. La ligne d’arrivée est en vue, puis est franchie sous la clameur du public. Non, je dois avouer que le mot clameur est un peu fort quand même. Pour être honnête, ce n’était que quelques applaudissements isolés, mais après ces 22+2km, je me suis auto-persuadé que c’était l’accueil d’une foule en délire !!!

Au final, la distance bouclée en 2h04 et une (très) surprenante 10ème place, ajouté à l’excellent week-end passé dans le bassin minier des Hauts de France suffisent à me convaincre de revenir tenter l’expérience l’année prochaine !

Antoine

La version de Lucie

Même course, mais ressenti complètement différent !

Tout d’abord, on ne peut pas vraiment dire que plusieurs distances s’offrent à moi … seul le 22 km sera dans mes cordes ! Le concept de la course m’a vraiment plu, mais une fois sur ma ligne de départ et sous 40 degrès je réalise que ça risque de ne pas être qu’une partie de plaisir … [Spoiler : ça n’a pas été une partie plaisir !]

Après le coup de sifflet, je m’élance avec mon collègue, un couple d’amis, et ma fidèle comparse de course à pied. A peine 800 mètres de plat et la première ascension arrive. Je suis déjà distancée par mon collègue, reste ma comparse avec qui un pacte croix de bois/croix de fer a été passé. On commence doucement la première difficulté … pas un souffle d’air, je commence déjà à boire mes réserves d’eau (ou plutôt j’essaie, mais le camelbak ne fonctionne pas, je le démonte en courant, toujours rien … ah mais il y’a un On/Off au niveau du tuyau, ma bêtise m’épatera toujours !). On ne s’arrête pas et le deuxième terril arrive déjà. Pas le temps de finir l’ascension que ma comparse se sent mal, très mal …. On s’arrête, elle s’assoit, elle boit un peu mais rien n’y fait, je la motive à repartir en lui disant que dès que nous croiserons un organisateur de la course, nous lui demanderons à être rapatriées (la course ne faisait pas un tour et il ne devait plus avoir personne au départ). On repart, elle se remet dedans mais le coup de moins bien nous a mis le moral dans les chaussettes de contention. Après 8 km, toujours pas d’ombre et toujours cette chaleur étouffante, c’est à mon tour de faiblir, et de beaucoup faiblir, la chair de poule commence à m’envahir et surtout j’ai froid. On arrive à la lisière d’une forêt et le choc thermique est fatal ! Je suis complétement gelée et je suis obligée de m’arrêter ! Les larmes coulent, c’est dur et le chrono n’est pas bon ! Ma copine de galère patiente avec moi et essaie de dédramatiser la situation. Je me resaisis, on repart. Le reste de la course ne sera qu’une succession de marche sur les portions difficiles et de tentatives de courir sur les portions plates (on ne redescendra jamais en dessous des 10 km/h).

[Les questions existentielles arrivent : c’est quoi le plus humiliant : abandonner ou mettre 4h à finir la course ?]

Les 5 derniers kilomètres sont plus agréables, le soleil est recouvert de nuages, et le dernier terril synonyme d’arrivée se dessine devant nous. Il faut le gravir sur le flan et se mettre quasiment à 4 pattes pour le grimper … sympa ! Enfin en haut, recouverte d’une fine pellicule de charbon, j’apprécie la magnifique vue.

Finalement le parcours sera bouclé en 3h14, pas très glorieux, mais au niveau classement nous sommes dans le milieu de tableau de notre catégorie et des femmes, les conditions climatiques ont été difficiles pour tout le monde !

Lucie